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L’Art de la joie (de Goliarda Sapienza)

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Lluís Masriera i Rosés, Ombres reflectides
(c) MNAC, Barcelone

Il y a, chez les êtres authentiques et libres, chez celles et ceux (plutôt celles, je pense) qui refusent viscéralement de se laisser emprisonner par les convenances, une énergie, une joie, une beauté profondes et rayonnantes qui font se ressembler, malgré toutes leurs dissemblances, Modesta, l’héroïne rebelle de L’Art de la joie, et Dagny Taggart, l’extraordinaire cheffe d’entreprise de La Grève ; et dans les similarités qui se dessinent entre ces deux personnages, on perçoit les affinités qui, au-delà de tout ce qui les oppose, rapprochent les deux autrices : Goliarda Sapienza, héraut d’une sorte d’anarcho-féminisme, et Ayn Rand, idéologue du libertarisme.

Ayn Rand (à gauche) ; Goliarda Sapienza (à droite)

L’Art de la joie est l’histoire de Modesta, une sicilienne née au début du XXème siècle, qu’on découvre lorsqu’elle a quatre ans et qu’elle se débat pour ne pas être totalement écrasée par la misère et l’horizon de désespoir que referment sur elle sa mère crasseuse et sa sœur trisomique, et qu’on suit jusqu’à la soixantaine, ayant surmonté et s’étant aguerrie, enrichie, épanouie de tous les accidents, de tous les malheurs, de toutes les rencontres et de toutes les amours vécues.

Modesta incarne la vie, la force de la vie, contre tout ce qui la retient, tout ce qui la contraint, tout ce qui l’empêche de se déployer librement. Elle fait penser à ces fleurs sauvages qui, nées sous un amoncellement de pierres, savent se tracer un chemin à travers la roche, la faire éclater parfois, pour s’élever vers la lumière. Elle est à la fois infiniment généreuse et infiniment égoïste, intransigeante et douce, volage et fidèle, sage et iconoclaste, engagée et totalement indépendante.

J’ai utilisé tout à l’heure le terme de “viscéral”. C’était réfléchi : la boussole de Modesta, en effet, sa conscience (y compris l’extraordinaire bonne conscience dont elle fait parfois étonnamment preuve), son guide dans les choses de l’amour comme dans ses décisions, ses engagements, ses choix fondamentaux, c’est son corps, ou encore ce qu’elle nomme, vers la fin de l’ouvrage, l’intelligence de la chair.

C’est par le toucher, la caresse, le plaisir l’amour, par la puissance des liens qu’elle entretient avec ses amantes et ses amants, la fascination qu’elle accepte d’exercer et celle qu’elle accepte de ressentir, c’est en se laissant volontairement entraîner par le flux puissant de l’amour que Modesta se dirige dans le monde, se fiant, plus qu’à tout autre chose, à l’intuition de ses désirs. Ni les interdits moraux, ni les bonnes moeurs, ni les questions de respectabilité ou de discipline ne l’entravent, convaincue qu’elle est, par ce savoir du corps, de la justesse de ses actions.

Les premières centaines de pages du roman, qui vont de la prime enfance de Modesta au mariage avec le Prince en passant par le long séjour chez les Soeurs sont un choc tant le récit est déroutant, stupéfiant par sa crudité, par l’absence totale d’orthodoxie que manifeste l’héroïne. On est totalement bousculé et transporté par cette personnalité tombée d’un autre monde au charme et à la vitalité de laquelle on ne peut que succomber. Et il en va ainsi pendant des centaines et des centaines de pages, jusqu’aux chapitres évoquant les lendemains de la Libération, où l’intérêt commence peut-être à se tarir à cause en partie de la masse énorme des personnages suivis, de toute cette famille élargie dont Modesta, quoique jeune encore, est devenue la matriarche, et qu’on a un peu de mal à suivre.

C’est dans ces derniers chapitres du livre que Goliarda Sapienza, prenant un peu de distance avec l’exercice romanesque, se met à évoquer explicitement les combats féministes et ceux de sa propre mère, Maria Giudice ; et c’est précisément lorsqu’elle se met à en parler explicitement que le caractère profondément révolutionnaire et féministe du livre, qui était jusqu’ici porté par le style, le regard, la façon d’être tellement particulière du personnage central, se dissout.

C’est quand elle ne parle pas explicitement de féminisme ou de révolution mais qu’elle les met en scène dans les gestes, les pensées, les caresses, les propos de son héroïne que Goliarda Sapienza est la plus iconoclaste, la plus authentiquement et radicalement féministe et révolutionnaire.

Sa Modesta est une ode à la joie.

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Ayn Rand (à gauche) ; Goliarda Sapienza (à droite)

L’Art de la joie est l’histoire de Modesta, une sicilienne née au début du XXème siècle, qu’on découvre lorsqu’elle a quatre ans et qu’elle se débat pour ne pas être totalement écrasée par la misère et l’horizon de désespoir que referment sur elle sa mère crasseuse et sa sœur trisomique, et qu’on suit jusqu’à la soixantaine, ayant surmonté et s’étant aguerrie, enrichie, épanouie de tous les accidents, de tous les malheurs, de toutes les rencontres et de toutes les amours vécues.

Modesta incarne la vie, la force de la vie, contre tout ce qui la retient, tout ce qui la contraint, tout ce qui l’empêche de se déployer librement. Elle fait penser à ces fleurs sauvages qui, nées sous un amoncellement de pierres, savent se tracer un chemin à travers la roche, la faire éclater parfois, pour s’élever vers la lumière. Elle est à la fois infiniment généreuse et infiniment égoïste, intransigeante et douce, volage et fidèle, sage et iconoclaste, engagée et totalement indépendante.

J’ai utilisé tout à l’heure le terme de “viscéral”. C’était réfléchi : la boussole de Modesta, en effet, sa conscience (y compris l’extraordinaire bonne conscience dont elle fait parfois étonnamment preuve), son guide dans les choses de l’amour comme dans ses décisions, ses engagements, ses choix fondamentaux, c’est son corps, ou encore ce qu’elle nomme, vers la fin de l’ouvrage, l’intelligence de la chair.

C’est par le toucher, la caresse, le plaisir l’amour, par la puissance des liens qu’elle entretient avec ses amantes et ses amants, la fascination qu’elle accepte d’exercer et celle qu’elle accepte de ressentir, c’est en se laissant volontairement entraîner par le flux puissant de l’amour que Modesta se dirige dans le monde, se fiant, plus qu’à tout autre chose, à l’intuition de ses désirs. Ni les interdits moraux, ni les bonnes moeurs, ni les questions de respectabilité ou de discipline ne l’entravent, convaincue qu’elle est, par ce savoir du corps, de la justesse de ses actions.

Les premières centaines de pages du roman, qui vont de la prime enfance de Modesta au mariage avec le Prince en passant par le long séjour chez les Soeurs sont un choc tant le récit est déroutant, stupéfiant par sa crudité, par l’absence totale d’orthodoxie que manifeste l’héroïne. On est totalement bousculé et transporté par cette personnalité tombée d’un autre monde au charme et à la vitalité de laquelle on ne peut que succomber. Et il en va ainsi pendant des centaines et des centaines de pages, jusqu’aux chapitres évoquant les lendemains de la Libération, où l’intérêt commence peut-être à se tarir à cause en partie de la masse énorme des personnages suivis, de toute cette famille élargie dont Modesta, quoique jeune encore, est devenue la matriarche, et qu’on a un peu de mal à suivre.

C’est dans ces derniers chapitres du livre que Goliarda Sapienza, prenant un peu de distance avec l’exercice romanesque, se met à évoquer explicitement les combats féministes et ceux de sa propre mère, Maria Giudice ; et c’est précisément lorsqu’elle se met à en parler explicitement que le caractère profondément révolutionnaire et féministe du livre, qui était jusqu’ici porté par le style, le regard, la façon d’être tellement particulière du personnage central, se dissout.

C’est quand elle ne parle pas explicitement de féminisme ou de révolution mais qu’elle les met en scène dans les gestes, les pensées, les caresses, les propos de son héroïne que Goliarda Sapienza est la plus iconoclaste, la plus authentiquement et radicalement féministe et révolutionnaire.

Sa Modesta est une ode à la joie.

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