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Le prêtre russe Alexis Ouminsky, défroqué pour avoir refusé de réciter la prière «pour la Sainte Russie»

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Comme le fait le pouvoir russe avec les opposants à la guerre, l’Église orthodoxe russe s’en prend aux dernières voix dissidentes. À la veille de Noël, le père Alexis Ouminsky, qui ne cachait pas son hostilité à l’opération militaire que mène l’armée russe en Ukraine, a été démis de ses fonctions de recteur de l'église de la « Sainte Trinité vivifiante » en plein centre de Moscou. Un tribunal ecclésiastique a pris la décision, ce samedi 13 janvier, de le défroquer.

Figure connue et respectée du monde orthodoxe, le père Alexis Ouminsky paye pour sa liberté de ton. « On ne peut pas éprouver de la joie, du bonheur ou applaudir à une histoire où il est question d’opérations militaires. Cela cause du chagrin à tellement de gens », disait-il en novembre 2023, au micro d’Alexeï Venediktov, l’ex-directeur de la rédaction de la radio indépendante Écho de Moscou, fermée par les autorités. Cet entretien, de l’avis de certains observateurs, aurait pu être la « goutte d’eau qui fait déborder le vase ».  

Depuis le début de l'offensive du 24 février 2022, rares ont été les prêtres de l’Église orthodoxe russe à se prononcer ouvertement contre la guerre.

Formellement, ce que reproche le patriarcat au père Alexis Ouminsky, c’est de n’avoir pas récité, au cours de la liturgie célébrée dans son église, la prière « pour la Sainte Russie », un texte aux accents bellicistes, qui demande à Dieu d’accorder la victoire à la Russie. La lecture de cette prière est devenue « un test de loyauté » vis-à-vis des autorités ecclésiales, note Ksenia Luchenko, journaliste, experte des questions religieuses, qui connait bien le prêtre déchu.

« Chez la majorité des prêtres qui ont une position différente de celle du patriarche Cyrille sur les questions de guerre, de géopolitique et autre, cette prière soulève de grandes questions. Lorsqu'une personne prie Dieu sincèrement pendant l’office divin, elle ne peut pas prononcer de fausses paroles dénuées de sens », souligne la chercheuse invitée dans le cadre du programme « Wider Europe » au sein du Conseil européen des relations internationales (ECFR) à Berlin. Or, pour le père Alexis Ouminsky, « il est très important d'agir de manière à ne pas éprouver de honte devant Dieu, et non devant les gens. C’est un homme très libre intérieurement, et il a toujours vécu en homme libre. C'est aussi un homme très gentil, qui sait toujours trouver des mots de soutien ou de consolation », note-t-elle.  

Prière à la Sainte Russie

Ça n’est pas la première fois que le patriarcat de Moscou s’en prend aux prêtres qui n’adhèrent pas à cette prière. En mai 2023 dernier, le tribunal ecclésiastique de Moscou a limogé et retiré son rang de prêtre au père Ioann Koval, 45 ans, pour avoir remplacé le mot « victoire » par « paix ». Il a aujourd’hui trouvé refuge en Turquie, où le patriarcat de Constantinople a restauré son statut de prêtre, estimant que ses actions avaient été motivées par une profonde conviction en faveur de la paix.

Cheveux blancs coupés au carré, barbe bien taillée, Alexis Ouminsky, 63 ans, est issu d’une famille de l’intelligentsia soviétique non-croyante. Il a été hippie dans le Moscou des années 1980, s’est fait baptiser lorsqu’il était étudiant en langues romanes et a enseigné le français. Ordonné prêtre au début des années 1990, il est resté très connecté à la vie sociale et artistique du pays. L'église de la « Sainte Trinité vivifiante », en plein cœur de Moscou, dont il était recteur depuis trois décennies, accueillait de nombreuses personnalités du monde de la culture, des journalistes, des avocats et des hommes politiques qui sont devenus ses amis. En septembre 2022, il a célébré les funérailles de Mikhaïl Gorbatchev.

Pas de politique

Parallèlement à son activité pastorale, le père Alexis Ouminsky est une figure médiatique. Il a pendant de nombreuses années présenté des émissions de télévision, publié de nombreux ouvrages et est très investi dans les œuvres caritatives, s’occupant d’enfants incurables, de SDF, rendant visite à des détenus, des anonymes ou des personnalités, comme l’ancien patron du groupe pétrolier Ioukos, Mikhail Khodorkovksy, lorsqu’il était emprisonné, ou l’opposant Vladimir Kara-Mourza, qui purge une peine de 25 ans de réclusion. Il est intervenu comme témoin dans le procès qui a abouti à la dissolution de Mémorial, la plus connue des associations de défense des droits de l’homme russes.

Pour autant, estime Ksenia Luchenko, « il n'a jamais mené d'activité politique. On lui demandait d’aller visiter des prisonniers, et il y allait, quel que soit le profil de la personne, prisonnier politique ou véritable criminel. Il vivait simplement selon l’Évangile ». « Sa vie et son service de l’église suivent les préceptes du Christ », renchérit Zoya Svetova, journaliste connue pour son engagement en faveur des droits de l’homme, qui l’a interviewé à plusieurs reprises. « Il ne refusait jamais de répondre aux questions, lorsque cela touchait aux sujets qui le concernaient. Il le faisait dans le but d’aider les gens à s’y retrouver dans notre monde touché par les tragédies et les drames », explique-t-elle.

En 2021, dans une vidéo, Alexis Ouminsky avait aussi appelé les autorités à « faire preuve de miséricorde chrétienne et à autoriser un médecin » à examiner l’opposant et prisonnier le plus connu de Russie, Alexeï Navalny. Cette déclaration lui avait valu le surnom de « criminel en soutane » sur la chaîne de télévision de l’Église orthodoxe russe SPAS, qui fait l’objet de sanctions de la part de l’Union européenne.

« L'Église orthodoxe russe a établi une règle non écrite selon laquelle tous les prêtres doivent obéir à la parole du patriarche », souligne Zoya Svetova. « Il me semble que le patriarche imagine que tous les prêtres et les clercs sont ses soldats et qu'ils doivent lui obéir comme à un général. Tous les prêtres qui subissent des pressions, qui sont interdits de service, renvoyés de leurs paroisses, voire défroqués, ce sont ceux qui n'acceptent pas d'être des soldats du patriarche Cyrille ».

Le père Alexis Ouminsky a été remplacé dans son église par un prêtre plus en phase avec la ligne du patriarcat de Moscou. André Tkatchev, originaire de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, transfuge de l’Église ukrainienne qui a fui en Russie en 2014 après la révolution pro-européenne de Maidan, qui affirme que « les soldats russes sont en Ukraine pour se battre contre Satan ». Sous le choc, un groupe de fidèles a adressé une lettre ouverte au patriarche Cyrille, lui demandant de revenir sur sa décision. « Depuis 1990, le père Alexis Ouminsky est un prêtre qui a amené un grand nombre de personnes à la foi. Il a créé une communauté importante, vivante et active (…), qui effectue notamment un important travail social, aidant les personnes gravement malades dans les hospices pour adultes et pour enfants, les sans-abris et les prisonniers », peut-on lire dans la déclaration, qui avait recueilli samedi près de 12 000 signatures.

À écouter aussiGuerre en Ukraine: l’Église orthodoxe divisée

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Figure connue et respectée du monde orthodoxe, le père Alexis Ouminsky paye pour sa liberté de ton. « On ne peut pas éprouver de la joie, du bonheur ou applaudir à une histoire où il est question d’opérations militaires. Cela cause du chagrin à tellement de gens », disait-il en novembre 2023, au micro d’Alexeï Venediktov, l’ex-directeur de la rédaction de la radio indépendante Écho de Moscou, fermée par les autorités. Cet entretien, de l’avis de certains observateurs, aurait pu être la « goutte d’eau qui fait déborder le vase ».  

Depuis le début de l'offensive du 24 février 2022, rares ont été les prêtres de l’Église orthodoxe russe à se prononcer ouvertement contre la guerre.

Formellement, ce que reproche le patriarcat au père Alexis Ouminsky, c’est de n’avoir pas récité, au cours de la liturgie célébrée dans son église, la prière « pour la Sainte Russie », un texte aux accents bellicistes, qui demande à Dieu d’accorder la victoire à la Russie. La lecture de cette prière est devenue « un test de loyauté » vis-à-vis des autorités ecclésiales, note Ksenia Luchenko, journaliste, experte des questions religieuses, qui connait bien le prêtre déchu.

« Chez la majorité des prêtres qui ont une position différente de celle du patriarche Cyrille sur les questions de guerre, de géopolitique et autre, cette prière soulève de grandes questions. Lorsqu'une personne prie Dieu sincèrement pendant l’office divin, elle ne peut pas prononcer de fausses paroles dénuées de sens », souligne la chercheuse invitée dans le cadre du programme « Wider Europe » au sein du Conseil européen des relations internationales (ECFR) à Berlin. Or, pour le père Alexis Ouminsky, « il est très important d'agir de manière à ne pas éprouver de honte devant Dieu, et non devant les gens. C’est un homme très libre intérieurement, et il a toujours vécu en homme libre. C'est aussi un homme très gentil, qui sait toujours trouver des mots de soutien ou de consolation », note-t-elle.  

Prière à la Sainte Russie

Ça n’est pas la première fois que le patriarcat de Moscou s’en prend aux prêtres qui n’adhèrent pas à cette prière. En mai 2023 dernier, le tribunal ecclésiastique de Moscou a limogé et retiré son rang de prêtre au père Ioann Koval, 45 ans, pour avoir remplacé le mot « victoire » par « paix ». Il a aujourd’hui trouvé refuge en Turquie, où le patriarcat de Constantinople a restauré son statut de prêtre, estimant que ses actions avaient été motivées par une profonde conviction en faveur de la paix.

Cheveux blancs coupés au carré, barbe bien taillée, Alexis Ouminsky, 63 ans, est issu d’une famille de l’intelligentsia soviétique non-croyante. Il a été hippie dans le Moscou des années 1980, s’est fait baptiser lorsqu’il était étudiant en langues romanes et a enseigné le français. Ordonné prêtre au début des années 1990, il est resté très connecté à la vie sociale et artistique du pays. L'église de la « Sainte Trinité vivifiante », en plein cœur de Moscou, dont il était recteur depuis trois décennies, accueillait de nombreuses personnalités du monde de la culture, des journalistes, des avocats et des hommes politiques qui sont devenus ses amis. En septembre 2022, il a célébré les funérailles de Mikhaïl Gorbatchev.

Pas de politique

Parallèlement à son activité pastorale, le père Alexis Ouminsky est une figure médiatique. Il a pendant de nombreuses années présenté des émissions de télévision, publié de nombreux ouvrages et est très investi dans les œuvres caritatives, s’occupant d’enfants incurables, de SDF, rendant visite à des détenus, des anonymes ou des personnalités, comme l’ancien patron du groupe pétrolier Ioukos, Mikhail Khodorkovksy, lorsqu’il était emprisonné, ou l’opposant Vladimir Kara-Mourza, qui purge une peine de 25 ans de réclusion. Il est intervenu comme témoin dans le procès qui a abouti à la dissolution de Mémorial, la plus connue des associations de défense des droits de l’homme russes.

Pour autant, estime Ksenia Luchenko, « il n'a jamais mené d'activité politique. On lui demandait d’aller visiter des prisonniers, et il y allait, quel que soit le profil de la personne, prisonnier politique ou véritable criminel. Il vivait simplement selon l’Évangile ». « Sa vie et son service de l’église suivent les préceptes du Christ », renchérit Zoya Svetova, journaliste connue pour son engagement en faveur des droits de l’homme, qui l’a interviewé à plusieurs reprises. « Il ne refusait jamais de répondre aux questions, lorsque cela touchait aux sujets qui le concernaient. Il le faisait dans le but d’aider les gens à s’y retrouver dans notre monde touché par les tragédies et les drames », explique-t-elle.

En 2021, dans une vidéo, Alexis Ouminsky avait aussi appelé les autorités à « faire preuve de miséricorde chrétienne et à autoriser un médecin » à examiner l’opposant et prisonnier le plus connu de Russie, Alexeï Navalny. Cette déclaration lui avait valu le surnom de « criminel en soutane » sur la chaîne de télévision de l’Église orthodoxe russe SPAS, qui fait l’objet de sanctions de la part de l’Union européenne.

« L'Église orthodoxe russe a établi une règle non écrite selon laquelle tous les prêtres doivent obéir à la parole du patriarche », souligne Zoya Svetova. « Il me semble que le patriarche imagine que tous les prêtres et les clercs sont ses soldats et qu'ils doivent lui obéir comme à un général. Tous les prêtres qui subissent des pressions, qui sont interdits de service, renvoyés de leurs paroisses, voire défroqués, ce sont ceux qui n'acceptent pas d'être des soldats du patriarche Cyrille ».

Le père Alexis Ouminsky a été remplacé dans son église par un prêtre plus en phase avec la ligne du patriarcat de Moscou. André Tkatchev, originaire de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, transfuge de l’Église ukrainienne qui a fui en Russie en 2014 après la révolution pro-européenne de Maidan, qui affirme que « les soldats russes sont en Ukraine pour se battre contre Satan ». Sous le choc, un groupe de fidèles a adressé une lettre ouverte au patriarche Cyrille, lui demandant de revenir sur sa décision. « Depuis 1990, le père Alexis Ouminsky est un prêtre qui a amené un grand nombre de personnes à la foi. Il a créé une communauté importante, vivante et active (…), qui effectue notamment un important travail social, aidant les personnes gravement malades dans les hospices pour adultes et pour enfants, les sans-abris et les prisonniers », peut-on lire dans la déclaration, qui avait recueilli samedi près de 12 000 signatures.

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