Le journal «Le Monde» fête ses 80 ans
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Le quotidien Le Monde occupe une place singulière dans la presse française. Et ce 18 décembre 2024, il fêtait ses 80 ans.
Le Monde est aujourd’hui un journal consulté essentiellement sur le numérique et diffusé à 500 000 personnes. Mais en 1944, c’est une feuille recto verso mise en page dans les locaux de l’ancien journal Le Temps, rue des Italiens, à Paris. On y compte 40 journalistes contre 540 aujourd’hui.
Son fondateur, Hubert Beuve-Méry, est un résistant qui est aussi un ancien directeur d’études de l’École des cadres d’Uriage, sous Vichy. C’est lui que le général de Gaulle va choisir pour créer un quotidien de référence en se disant qu’il aura ainsi un allié. Or Hubert Beuve-Méry va gagner son indépendance en s’opposant à De Gaulle lorsqu’il est au pouvoir, même s’il a pu se montrer plus compréhensif sur sa politique étrangère. Et au fond, c’est un principe qui n’a pas varié : plus Le Monde s’est trouvé proche des pouvoirs en place, notamment après l’élection de Mitterrand, moins bon il a été.
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Le Monde, un journal toujours indépendant
Le quotidien a bien failli ne plus être indépendant en 2011 lorsqu’il est racheté par un trio d’hommes d’affaires, dont Xavier Niel, que l’on sait proche de Macron. Mais Le Monde a toujours gardé un droit de blocage de sa société des rédacteurs qui lui a permis de se protéger de tout interventionnisme. La collectivité des journalistes doit même apporter son agrément à tout changement d’actionnaire et de directeur.
Il faut dire aussi que Xavier Niel, qui n’a pas été malmené par Le Monde, lui a apporté les moyens de son indépendance. Avec, depuis avril, une nouveauté : c’est le Fonds pour l’indépendance de la presse qui contrôle Le Monde. Ce fonds prévoit d’ailleurs une enveloppe de 200 000 euros pour soutenir des projets de journalisme.
Le Monde doit aussi défendre ses choix éditoriaux
Jeudi 19 décembre, un article signé Eugénie Bastié dénonçait un « malaise grandissant sur le traitement d’Israël dans le journal ». En cause : le fait que le chef adjoint du service international, Benjamin Barthe, ancien prix Albert Londres, est l’époux d’une Palestinienne rencontrée à Ramallah lorsqu’il était correspondant du journal. Cela suffit au Figaro pour reprendre une campagne à laquelle nous a habitués plutôt CNews avec le soupçon d’antisémitisme, voire de complotisme, dont rendrait compte un mur au Monde avec un autocollant « Stop Génocide ». En réalité, Le Monde a eu un traitement équilibré du conflit, rendant compte de l’horreur du 7-Octobre et documentant le massacre en cours depuis à Gaza. Eugénie Bastié, ancienne de CNews, était elle-même apparue dans un article du Monde en soutien de son directeur Alexis Brézet après une crise au Figaro liée à son refus de choisir le front anti-RN.
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