L'Inde et le Canada au bord de la rupture diplomatique
Manage episode 447841855 series 3612163
L’Inde et le Canada sont au bord de la rupture diplomatique. À l’origine de cette crise, l’assassinat d’un citoyen canadien militant de la cause indépendantiste sikh. Le Canada l’attribue aux services secrets indiens, ce que l’Inde nie en bloc. La crise a franchi hier, mardi 15 octobre, une nouvelle étape.
de notre correspondant en Inde,
II s’appelle Hardeep Singh Nijar et il est abattu en juin 2023 par balles à l'extérieur d’un temple sikh et rapidement, le Canada regarde du côté de l’Inde pour comprendre ce meurtre. L’homme militait pour l’indépendance du Pendjab, l’État Indien où sont concentrés les fidèles de la religion Sikh, dont certains rêvent de retrouver leur indépendance. Un sujet explosif en Inde qui a donné lieu à une insurrection meurtrière dans les années 80.
À lire aussiTensions entre l'Inde et le Canada, les deux pays expulsent des diplomates
Le ton monte rapidement entre les deux pays avec expulsion de diplomates de part et d’autre. L’Inde s’offusque d'être accusée par un pays allié et demande la preuve. C’est ce que le Canada affirme avoir fait hier. Selon Ottawa, l’Inde aurait, via des agents sur place, utilisé un gang violent pour assassiner Nijjar. Le Washington Post affirme que le Canada dispose d’enregistrements qui mettent directement en cause le ministre de l’Intérieur Indien, Amit Shah, dans cette opération.
Comme depuis le début de cette affaire, New Delhi réagit très violemment. Après que ses diplomates ont été cités dans l'enquête et expulsés, l’Inde a répliqué de la même façon. Les preuves apportées par le Canada ne changent apparemment rien. L’Inde affirme que le Premier ministre Justin Trudeau a monté l’affaire à des fins de politique intérieure, pour gagner les votes des Sikhs, alors qu’il est en difficulté dans l’opinion.
Est-ce que cette hypothèse d’un coup monté convainc ?
Officiellement, oui. Les médias proches du pouvoir relaient cette vision de la diplomatie Indienne quant aux politiques, même parmi l’opposition, rares sont celles ou ceux qui la questionnent. Dans l’ère de ferveur nationaliste qui accompagne le règne de Narendra Modi, il n’y a que des coups à prendre à accuser sans certitude son propre pays d’avoir monté une opération ratée à l’étranger.
Officieusement, c’est plus compliqué. Cette année, les services de renseignement indiens ont été mis en cause dans plusieurs affaires, y compris une tentative d’assassinat sur un indépendantiste sikh aux États-Unis, pour laquelle l’Inde a promis une enquête. Le ministre de la Défense a fait savoir que les terroristes qui menacent l’Inde pouvaient être éliminés où qu'ils se trouvent.
Or l’Inde considère le mouvement pour l’indépendance du Pendjab comme terroriste, et ne manque d’ailleurs pas de reprocher au Canada de le laisser fleurir sur son sol. Enfin, le gang cité par le Canada dans l’affaire de Nijar a été accusé, il y a quelques jours, d’un autre assassinat politique en Inde. Ça fait beaucoup, assez pour se questionner sur le prix à payer pour cette opération extérieure si elle est avérée, car une large diaspora indienne est installée au Canada et n’a aucun intérêt à cette escalade.
25 つのエピソード