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Reportage France

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Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

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C'est l'évènement à ne pas manquer pour tous les professionnels et les amoureux de la mode. Après les défilés de New York, Londres et Milan, la Fashion Week bat désormais son plein à Paris. Depuis le 3 mars et pendant huit jours, les défilés et les présentations s'enchaînent aux quatre coins de la capitale. En marge de l'événement, des marques plus confidentielles profitent de cette semaine exceptionnelle pour présenter leur travail dans l'espoir de se faire connaitre. Nicolas Besson nous ouvre les portes de son showroom la veille de son défilé, lors des derniers réglages. Il est 19 h dans la pièce centrale de l'appartement haussmannien, les mannequins se succèdent pour les essayages. Autour du styliste, son équipe s'active pour les derniers réglages et, d'après le couturier, il y a encore pas mal de travail. « On a encore des looks à attribuer, il y a des pièces qui ne sont pas terminées, donc on va devoir les terminer le jour même. Ça, ça va être quelque chose, souligne le créateur. Moi, j'ai encore plein de pièces à terminer en retouches, des pièces aussi à faire. En fait, on a des changements en fonction des mannequins, on est obligé de changer, même de switcher les looks, d'interchanger des hauts, des tops, etc. Donc, on est soit obligé d'en refaire, soit d'en retrouver pour pouvoir caler sur les mannequins. » Au total, 40 looks composent la collection du designer avec des pièces fortes dont la conception a commencé dès le mois de septembre, comme cette veste blanche à épaulettes et entièrement perlée. « Il y a plus de trois mois de travail dessus sur celle-ci, c'est que des franges de perles qui ont été assemblées les unes après les autres, décrit le couturier. Et ensuite réincrustées dans une broderie esprit perlé, en relief. C'est structuré après avec du crin. C'est énormément de travail. » Une courte nuit Matthieu, un jeune mannequin à la peau noire et à la silhouette élancée, commence sa séance d'essayage avec Marco, le styliste qui épaule Nicolas Besson. « Là, le stress commence un peu, confesse le styliste . On n'a pas encore bien défini qui va porter quoi. Donc, on va voir, par rapport aux couleurs et aux coupes, ce qui va le mieux sur lui. » Pendant ce temps, dans un autre coin de la pièce, Alexis, ordinateur posé sur les genoux et téléphone vissé à l'oreille, tente de régler les derniers problèmes. Debout depuis 4 h du matin, il a dû faire un aller-retour Paris-Reims dans la journée pour aller chercher des housses pour les bancs sur lesquels vont s'asseoir les 230 invités. Le ventre vide, mais le sourire aux lèvres, il tente de terminer le placement autour du podium. « On attend pas mal de personnalités et c'est un vrai casse-tête de pouvoir placer les gens influents, relate Alexis. D'autres personnes sont également influentes, mais on ne peut pas mettre en avant parce qu'il y a des personnes encore plus au-dessus. Il ne faut pas froisser les gens, il y a des gens qui ne doivent pas être à côté. C'est une organisation », rit-il. Retour aux essayages. Après plusieurs tentatives. Matthieu, le mannequin, n'a toujours pas sa tenue. Le designer et le styliste tentent une nouvelle option et la valident, une veste en python et en résille. Reste encore six silhouettes à trouver avant le matin. Pas de doute, la nuit promet d'être encore courte pour le designer et toute son équipe. À lire aussi Première Fashion Week pour Abidjan, qui veut «redevenir capitale de la mode en Afrique de l’Ouest»…
 
Le ministre des Outre-mer Manuel Valls est en visite pour deux jours à la Réunion, près d’une semaine après le passage du cyclone Garance. Un cyclone qui a couté la vie à au moins cinq personnes et causé énormément de dégâts dans le nord et l’est de l’île en particulier. Le cyclone aurait pu faire plus de 50 000 sinistrés. On sait que plusieurs logements sociaux ont été inondés par la boue, une situation qui aggrave notamment la situation des plus précaires. De notre correspondante à Saint-Denis, 20 cm d’eau dans sa buanderie, un frigo bon à jeter et une voiture ruinée puisque, dans le parking de la résidence sociale où vit Michel, l’eau est montée jusqu’à 1,60 m. Et le locataire voit ses investissements s’envoler : « J’avais changé les pièces, les boîtes de vitesse... », déplore-t-il. Si Michel préfère garder le sourire, le président du Comité Droit au logement 974 , Jean-Yves Sinimale, arpente les différents logements et fait face à d’autres réactions : « Moi, j’ai vu les gens effondrés. Même une dame hier, vraiment, elle se mettait à crier, à hurler, hurler de colère, parce que ce n’est pas normal qu’on les abandonne, etc, rapporte-t-il . On n’écoute pas assez les habitants. Les habitants, quand ils viennent de leur quartier, ils les connaissent mieux que les élus ou les collectivités. » Même son de cloche à la Colline, dans le quartier Bas de la Rivière, où une cinquantaine de familles vivant en zone rouge ont vu l’eau monter et dévaster leurs maisons. Aujourd’hui, elles craignent de devoir partir. « Je n’ai pas les moyens d’avoir ce que je veux, témoigne Patrice, dont la famille vit dans ce quartier depuis 1962 . J’avais des animaux et tout ça. J’ai déjà un crédit que j’avais fait sur la maison. Il me reste 30 000 € à payer. Je n’ai pas de moyens. » À lire aussi Garance : La Réunion mesure l’ampleur des dégâts après le passage du cyclone Quatre Réunionnais sur dix vivent avec moins de 1 100 euros par mois À La Réunion , le cyclone Garance n’a finalement que remis en lumière le problème du mal-logement et du foncier à la Réunion. « Parmi les 18 000 habitations indignes qui sont recensées à travers l' Observatoire réunionnais de l’habitat indigne , on sait qu’on a des territoires avec des niveaux d’indivision foncière qui sont autour de plus de 30 %, explique Matthieu Hoarau, directeur régional pour la Fondation pour le logement des défavorisés . Et parmi ces ménages-là, certains n’ont même pas de titre d’occupation. » Le directeur alerte sur la précarité sur l’île : « Donc, on a une vraie précarité foncière, une vraie précarité sociale qui renforcent la fragilité du bâtiment face à ces aléas climatiques. Cela pose la question plus largement de comment on lutte contre la précarité qui est structurelle et massive dans nos territoires et pour laquelle les réponses des pouvoirs publics sont insuffisantes aujourd’hui. » Et depuis cinq ans, Matthieu Hoarau met en garde contre l’aggravation de la précarité. Pour rappel, quatre Réunionnais sur dix vivent avec moins de 1 100 euros par mois. Tous les appels à la solidarité suite au cyclone Garance sont recensés ici. À écouter dans C’est pas du vent Cyclones, ouragans, typhons... À quoi faut-il s’attendre ?…
 
C’est une nouvelle construction qui émerge peu à peu dans le sud de Paris, porte de Versailles. La tour Triangle arrivera dans quelques jours à la moitié de sa taille finale. En 2026, quand elle sera terminée, elle culminera à 180 mètres de hauteur, un peu moins que la tour Montparnasse (210 mètres) et surtout la tour Eiffel (330 mètres). Mais elle changera le profil de la capitale. Au milieu des grues, des bruits de chantier et des nombreux passants, la tour Triangle atteint déjà plus de 60 mètres. Tout en haut, les ouvriers travaillent sur le béton des étages à venir. Plus bas, les premiers niveaux sont déjà intégralement recouverts de grands panneaux vitrés qui reflètent le ciel. « Ça n'est pas vraiment différent de ce qu'il y avait par rapport à avant , s'étonne Yueng, 23 ans, qui vit juste en face de la tour. Peut-être que ça va redynamiser, mais il n'y a pas besoin, je pense. Il y a déjà assez de mouvement. Il y a tout le temps des trucs au parc des Expos. » Livrée, la tour fera 180m, il s’agira de la troisième plus grande de Paris. Le dernier bâtiment comparable construit dans la capitale est la tour Montparnasse, c’était il y a plus de 50 ans. Pour les urbanistes, construire en hauteur reste une solution d’avenir. « Dans toutes les villes d'Europe, il y a un léger regain des tours, mais tout le temps avec l'idée d'utiliser des terrains qu'on ne pourrait pas construire autrement, explique Pietro Cremonini, architecte à Paris . Une préoccupation écologique fait qu'effectivement, on émet l'hypothèse qu'on ne peut plus étaler la ville, qu'il faut trouver les moyens de la densifier, mais aussi de la densifier là où les infrastructures sont déjà là. ​​​​​​» « Ce qui est choquant, c'est ce gros machin » Pourtant, la tour ne fait pas l’unanimité auprès des habitués du quartier. « Ce qui est choquant, c'est ce gros machin. Ce qui me gêne le plus, c'est la taille plutôt que l'architecture, critique Sophie, qui passe tous les jours par la porte de Versailles à vélo . Ça aurait été encore un truc de logement, mais il y a déjà trop de bureaux, etc. Donc, je ne suis pas sûre de comprendre. » La tour Triangle sera en grande partie composée de bureaux, mais elle comportera aussi des magasins et des hôtels. Il reste encore un an et demi de travaux, le projet a commencé après 10 ans de bataille juridique. Ce n’est pas forcément la tour que les riverains n’apprécient pas, mais son intégration dans le tissu urbain, c’est du moins ce que pense Pietro Cremonini : « Une tour qui s'implante au rez-de-chaussée, sur un trottoir et sur lequel on peut accéder en tramway, en métro, c'est-à-dire une tour qui n'entraîne pas forcément des gigantesques parkings à ses pieds, analyse l'architecte, c'est en fait que l'architecture moderne, puissante, haute, n'est pas incompatible avec une forme d'urbanité douce. » Si la tour Triangle ne convainc pas les Parisiens, les travaux avancent désormais de façon visible. Pour la mairie de Paris, le bâtiment est une promesse de dynamisme économique et d’offre touristique comparable à celle de grandes villes comme New York. Les visiteurs pourront profiter d’une vue panoramique à son sommet tout en sirotant leur café au bar. À écouter dans Grand reportage Scandinavie: des gratte-ciel en bois toujours plus hauts…
 
Pâquerettes, jonquilles et primevères sont en fleurs. Encore une fois, cette année, le printemps est en avance et Dame nature bourgeonne. Changement climatique oblige, ce qui était autrefois exceptionnel devient la norme. Ces deux dernières semaines par exemple, le sud-ouest de la France a connu des températures particulièrement douces pour la saison. Ce qui inquiète les agriculteurs, qui craignent un retour du gel de printemps, surtout pour les vignes et les arbres fruitiers. À lire aussi Agriculteurs : comment continuer à vivre de ce métier dans 10 ans ?…
 
En France, ramadan rime avec casse-tête pour beaucoup de responsables de mosquées. Les pratiquants sont particulièrement nombreux en cette période, mais les imams de plus en plus rares. Les lieux de prière peuvent encore compter sur quelques dizaines de religieux étrangers, venus d'Algérie, du Maroc ou de Turquie, le temps du ramadan. Mais depuis un an, ce système d'imams détachés, payés et envoyés par des pays étrangers est interdit le reste de l'année. Lueur d'espoir pour les dirigeants de mosquées : les centres de formation se multiplient pour répondre à la demande. La Grande mosquée de Paris a ainsi inauguré la semaine dernière un nouveau lieu de formation d'imams et aumôniers à Vitry-sur-Seine, au sud de Paris. Les étudiants étaient à l'étroit dans les locaux de la Grande Mosquée de Paris . Aujourd'hui, ils vont pouvoir profiter des trois niveaux de cet ancien consulat d'Algérie : plusieurs salles de classe, une bibliothèque et, bien sûr, des salles de prière. La Grande Mosquée poursuit ainsi le développement de son institut de formation, qui compte également cinq annexes réparties sur le territoire. L'inauguration de l'école était l'occasion de remettre leur diplôme à la soixantaine d'étudiants de la promotion 2024. Mais très peu, pourtant, ont l'intention d'exercer leur nouveau rôle d'imam ou d'aumônier, au grand regret de l'un de leurs professeurs, Mohamed Amine Haddou : « Beaucoup d'étudiants étudient juste pour la culture générale, parce que les conditions – pour l'instant – ne sont pas claires pour le recrutement des imams. Donc la plupart des gens suivent la formation pour leur savoir. » Pas de statut pour les imams Car il n'existe toujours pas de statut officiel pour les imams en France, contrairement aux prêtres catholiques par exemple. Et leur rémunération dépend des moyens des mosquées, et donc des dons ; compter entre 1 200 et 1 500€ net par mois pour une mission aux horaires élastiques. C'st pour cette raison que Mohamed, 35 ans, fraîchement diplômé, ne compte pas abandonner sa carrière professionnelle : « Je vais sûrement commencer à travailler petit à petit dans le domaine, en essayant de jongler entre les deux. N'importe quelle personne a besoin de savoir ce qu'elle va manger à la fin du mois, où est ce qu'elle va dormir, avoir les moyens de se payer ce qu'il faut... Mon travail d'informaticien paye mieux. » Il ne pourra donc consacrer que quelques heures par semaine à son nouveau rôle d'imam. Un constat frustrant pour le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Mais Chems-Eddine Hafiz préfère souligner les récentes avancées. Désormais, le métier d'imam est référencé par l'Agence nationale pour l'emploi, France Travail, sur son site Internet. Et il existe aujourd'hui des annonces d'emploi d'imam : « Il y a à peine un mois, vous ne les trouviez pas. Pour être imam, il fallait chercher ''animateur socioculturel''. Ce n'est quand même pas normal. Aujourd'hui, nous devons en faire un métier, lui assurer une Sécurité sociale, le fait qu'il puisse avoir une retraite. Mais d'abord, formons-les. Quand on aura des imams formés, nous pourrons, à ce moment-là, réfléchir peut-être à mutualiser. » Une autre avancée concerne les aumôniers de prison. Ils auront bientôt le statut de collaborateurs occasionnels du service public, et donc un accès à une protection sociale. Le décret devrait être publié dans les prochains mois. À lire aussi Un mois de spiritualité: le ramadan vu d'Égypte, du Sénégal et de l'Inde…
 
Mayotte est au Salon de l'agriculture, deux mois et demi après le cyclone Chido qui a dévasté l'archipel. Une importante délégation a donc fait le déplacement : des agriculteurs et des maraîchers sont venus présenter leurs produits dont la vanille, l'un des produits phare du département. Tous les produits locaux ont souffert des ravages du cyclone Chido. À lire aussi Les plantes et les animaux de Mayotte après le cyclone Chido…
 
Elles sont fabuleuses et pourtant, les Européens en consomment trop peu : les légumineuses. Lentilles, pois cassés, haricots rouges… Ces légumes secs, dont les graines sont contenues dans des gousses, font partie des solutions face au changement climatique, à la perte de biodiversité et aux difficultés des agriculteurs. Ces plantes permettent de revitaliser les sols, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et elles sont bonnes pour la santé humaine, animale et des écosystèmes. En Alsace, dans l’est de la France , des agriculteurs et des collectivités territoriales travaillent, main dans la main, pour le grand retour des légumineuses, dans les champs et dans les assiettes. Dans la région, c'est la sécheresse de 2020 qui a poussé Grégory Haxaire et ses trois associés agriculteurs, à se diversifier. Car dans les terres caillouteuses de la plaine d’Alsace, le maïs ne pousse qu’à grand renfort d’irrigation. « Il y a une dizaine d’années, ici on voyait du maïs à perte de vue. Depuis 2021, on a lancé Graines d’Alsace, donc la culture de légumineuses », détaille l'agriculteur à deux pas de son hangar. Les lentilles, pois chiches et quinoa, qu’ils ont introduits dans leurs rotations de cultures, nécessitent, eux, de pomper beaucoup moins d’eau dans la nappe : « on le voit déjà rien que sur le gasoil pour nos groupes qui alimentent les irrigations : il y a besoin de moins de gasoil », poursuit le producteur de légumineuses. Autre bénéfice économique et environnemental : ils achètent moins d’engrais d’azote de synthèse, car les légumineuses fixent naturellement l’azote dans le sol. « L’azote dans le sol, c’est un petit peu comme ce que nous, on a le midi et le soir dans l’assiette. C’est vraiment ce qui donne à manger à la plante, explique Grégory Haxaire . Et ce gain dû aux légumineuses, on le retrouve deux voire trois ans encore après sur la même parcelle. » Ce sol enrichi bénéficie donc aux cultures suivantes. Les agences locales de l’eau et de la santé se réjouissent aussi que les quatre exploitants agricoles cultivent sans pesticides. Même si leurs prix sont donc plus élevés que ceux des légumes secs importés, les clients répondent présents. « En 2023, on était sur sept tonnes vendues à l’année. En 2024, on a frôlé les 20 tonnes » , se réjouit l'agriculteur. À lire aussi Légumineuses, insectes, nouvelles cultures… Les scientifiques au défi des futurs systèmes alimentaires « Au début, tout le monde nous a pris pour des fous » Avec l’aide de collectivités territoriales, les quatre compères ont même monté « la filière légumineuse » dans la région et une dizaine d’agriculteurs les ont déjà rejoints. « Au début, tout le monde nous a pris pour des fous, tous les agriculteurs des villages aux alentours, se rappelle Olivier Hiss, l’un des associés fondateurs . Mais c’est une consommation de l’avenir, dans les dix ans qui viennent déjà. Faire une nouvelle culture, c’est vrai que ça fait du stress, mais c’est aussi une fierté. Tu te dis que tu as réussi quelque chose quand tu vois que les gens viennent vers toi. » À l’autre bout de la chaîne, l’Eurométropole de Strasbourg encourage cette nouvelle filière locale en servant davantage de légumineuses dans les cantines scolaires. « Plus de la moitié de la surface agricole de la métropole de Strasbourg est occupée par du maïs. Il ne nourrit même pas les animaux, il sert à faire des plats transformés, à faire des biscuits apéritifs, des sodas. On ne nourrit pas les gens avec ça, justifie l’élu écologiste Antoine Neumann, en charge des questions agricoles et alimentaires . Il y a un gros enjeu à produire à nouveau des choses qu’on mange et pas des choses qui favorisent le diabète ou l’obésité. » Apprendre à aimer les légumineuses, source de protéines, c’est aussi s’ouvrir à une alternative à la viande et ainsi réduire l’empreinte carbone de son assiette. À écouter dans C’est dans ta nature Les légumineuses à la santé des humains et du climat…
 
Le 18 février, le Sénat a adopté largement un projet de loi pour interdire le voile dans toutes les compétitions sportives, y compris au niveau amateur, la France devenant le seul pays au monde à vouloir adopter une telle mesure. À Marseille, les basketteuses de Marseille Panthers et Balle en Main veulent pourtant continuer de faire du sport. Ce week-end du 22 février, elles organisaient un tournoi à destination de toutes les femmes. De notre correspondante à Marseille, Dans ce gymnase des quartiers nord de Marseille, une trentaine de basketteuses s’échauffent. Les organisateurs sont inquiets, à cause d’une possible nouvelle loi sur le port du voile dans le sport. « On ne sait pas du tout comment ça va se passer, déplore Nadji Nehari, le fondateur du club Marseille Panthers . Nous, on gardera notre motivation à essayer d’ouvrir le maximum les portes à toutes les filles et voir quelles solutions on pourra trouver, justement pour qu’elles continuent à pratiquer une activité sportive, parce que c’est important pour nous. » Dans le gymnase, Alicia, 21 ans, et Youmna, 16 ans, attendent leur tour pour jouer. Elles portent toutes les deux le voile. « Moi, j’ai commencé le basket très jeune, à l’âge de cinq ans, témoigne Alicia . Je me suis sentie rejetée parce qu’on m’a exclue du championnat, je jouais en club. Je l’ai mal vécu et j’ai carrément arrêté le basket. Il y a des hommes qui portent des couvre-chefs parfois et ils ont le droit de jouer. Mais les femmes, nous, quand on porte des couvre-chefs, on commence à nous remarquer, à nous mettre de côté, etc. Donc, je ne sais pas trop si c’est la religion ou parce qu’on est des femmes. » Son amie Youmna partage son avis : « On ne peut même pas espérer faire du sport, même juste avec un voile. J’ai l’impression que ça dérange tout le temps. Ici, il y a beaucoup de voilées et du coup, je me sens inclus. » L’ONU dénonce une mesure discriminatoire « On est fortement engagés à continuer à ouvrir nos espaces de pratique à toutes, affirme Viviane Nora, fondatrice de l’association Balle en Main. Joueuse professionnelle dans l’équipe nationale du Maroc, elle donne des conseils aux jeunes joueuses, en les couvant du regard. Et elle reste déterminée . « Ça reste un droit fondamental pour nous, poursuit la sportive professionnelle. Parce que quand on sait tous les apports [du sport], que ce soit en termes de santé sociale, de santé physique, de santé mentale... De priver des femmes d’accéder à tous ces bénéfices, c’est impensable pour nous. Donc, ce que j’ai envie de dire, c’est bienvenue aux personnes qui ne trouvent pas leur place ailleurs. Bienvenue chez nous, vraiment. » La France est le seul pays au monde à vouloir interdire le hijab dans le sport. Cette mesure est jugée « discriminatoire » par l’ONU, qui demande son retrait. À lire aussi Pas de hijab pour les athlètes françaises à Paris 2024, l'ONU rappelle son opposition de principe…
 
Gala, Golden, Pink Lady, chaque année, près de 1,5 million de pommes sont récoltées en France, troisième producteur d’Europe. En culture conventionnelle, c’est l’un des fruits qui reçoit le plus de traitements phytosanitaires. Plus de 30 insecticides, fongicides ou herbicides sont pulvérisés sur les fruits en moyenne avant d’être mangés. Face au risque de pollution de l’environnement et aux risques pour la santé, l’objectif européen et français est de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici à 2030. Mais il existe peu de méthodes efficaces et naturelles pour s’en passer. Pour se passer des pesticides, des chercheurs de l’Inrae (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) tentent de développer de nouvelles méthodes. C’est le programme Cap zéro phyto . Bien rouge et sucrée, mais aussi résistante à la tavelure, l’une des principales maladies du pommier, la pomme Story est le fruit d’une belle histoire. Déjà plantée en Europe, elle commence à s’exporter aux États-Unis, en Afrique du Sud et au Chili. C’est dans les vergers de l’Inrae, à Beaucouzé, dans l’ouest de la France , qu’elle est née, dans le programme de sélection génétique du chercheur François Laurens. « On essaie de contribuer à la création de nouvelles variétés qui vont être moins traitées. On fait des croisements et puis on va sélectionner petit à petit les combinaisons qui rendent la variété plus résistante, explique le chercheur . Et ensuite, elle va être plantée dans des vergers comme ici. Il faut plusieurs années de croisements avant d’obtenir une variété. » À lire aussi Pesticides, produits phytopharmaceutiques : que disent ces termes de ceux qui les emploient ? L’utilisation des UV Il a fallu planter des milliers de pépins de pommes et plus de 20 ans pour trouver Story. Sa résistance à la tavelure n’est que partielle, mais elle permet déjà de réduire de 30 à 40 % les traitements contre le champignon qui attaque les fruits et les feuilles. C’est un des leviers pour remplacer définitivement les pesticides. « On n’y arrivera pas avec un produit miracle qui va remplacer un phyto, estime Claude Coureau, ingénieure, qui participe au projet Cap zéro phyto . Il va falloir additionner tout un tas de différentes pratiques, la génétique, des nouvelles variétés plus résistantes, les UV. Ça, c’est tout nouveau. Donc, on va cumuler tout un tas de techniques pour arriver à une solution qui va remplacer le phyto. » Les chercheurs ont en effet découvert que s’ils éclairaient les pommiers avec des rayons UV, les plantes activaient leurs défenses naturelles pour se protéger des coups de soleil. Elles seront un peu mieux préparées en cas d’agression. « L’idée, ça va être d’activer l’immunité de la plante avant que la maladie arrive, explique Matthieu Gaucher, ingénieur à l’Inrae, pour qu’elle se protège elle-même contre les maladies. » Une combinaison de leviers pour remplacer les pesticides Pour cela, en plus des rayons UV, il teste aussi divers produits stimulateurs des défenses des plantes dans les immenses serres du centre de recherche ou directement dans des vergers. « Donc, il y a par exemple le phosphonate de potassium qui est un minéral, poursuit le chercheur, du limocide, une huile essentielle d’orange douce, des extraits de plantes comme des parois de tomate, qui vont, lorsque appliqués sur d’autres plantes, activer les défenses de la plante. » Toutes ces pistes de recherches semblent prometteuses, mais il faudra encore plusieurs années de tests pour déterminer quelle combinaison de leviers sera suffisamment efficace pour remplacer les pesticides chimiques délétères pour la santé et l’environnement. Surtout, il faudra que ces nouvelles techniques soient abordables pour inciter les agriculteurs à les adopter, sans alourdir encore la pression sur un métier en crise. À écouter dans Accents d’Europe Les pesticides, pilier d'un modèle agricole en crise…
 
Un procès « hors norme » au regard du nombre de victimes, le procès de Joël Le Scouarnec s’ouvre ce lundi 24 février 2025 en France devant la cour criminelle du Morbihan à Vannes. L’ancien chirurgien est accusé de viols et d’agressions sexuelles sur 300 jeunes patients, en majorité mineurs, hospitalisés entre 1989 et 2014, sans doute la plus grande affaire pédocriminelle jugée en France. Ces enfants, parfois inconscients au moment des faits, ont enduré de lourds traumatismes. Une violence qui s’ajoute à celle d’une procédure judiciaire éprouvante, de la découverte des faits jusqu'à l’organisation du procès. Des victimes sous anesthésie, d’autres parfaitement conscientes au moment des faits. Leur point commun : le refoulement, l’absence de souvenirs ou seulement quelques bribes, mais une vie d’adulte tourmentée. « Dépression nerveuse, anorexie, des troubles sexuels, la difficulté à procréer », explique Francesca Satta, avocate d’une dizaine de parties civiles : « Ce sont des réminiscences de choses qui reviennent à la surface et qui ont permis de révéler ce qu’elles avaient pu subir. » Ce que certaines victimes ont subi, c’est une amnésie traumatique. Un trouble de la mémoire bien connu des psychologues et de Laura Morin, directrice de l’association l’Enfant Bleu , qui s’est constituée partie civile : « Un traumatisme vécu enfant va avoir un impact sur toute sa vie d’adulte, puisque même s'il n’y a pas forcément de souvenirs, en tout cas le corps, lui, s’en souvient. » L’association a reçu des victimes de Joël Le Scouarnec et les a accompagnés avec des psychologues. « Violence institutionnelle » Les psychologues, c’est, en revanche, ce qui a fait défaut au tout début de la procédure, quand ce sont bien souvent les gendarmes qui apprennent aux victimes que leurs prénoms figurent dans les carnets intimes du chirurgien. « La violence institutionnelle est une violence qui s’est ajoutée à ce qu’ils ont subi », estime Marie Grimaud, qui défend une quarantaine de parties civiles : « Pour ces victimes, cela a été une annonce extrêmement brutale. J’ai des clients qui me racontent se retrouver hagard, dans un état de sidération sur le trottoir, seul, ne sachant comment exposer ça à leurs proches et c'est le début d’un chemin et d’errance et d’abandon complet. » Dans une tribune, il y a quelques jours, les victimes représentées par Marie Grimaud s’insurgent de la longueur de l’instruction, de l’attente interminable, de la forte médiatisation de l’affaire, « des clients qui ont retrouvé des journalistes dans leur jardin », d’une violence institutionnelle qui s’est poursuivie jusqu’à l’organisation du procès. Une organisation complexe pour le petit tribunal de Vannes, qui n’a eu d’autre choix que de louer une annexe, à 300 mètres de la salle d’audience, pour accueillir toutes les victimes. « C’est les rendre invisibles aux yeux de la cour, s'insurge Marie Grimaud, c’est les rendre invisibles aux yeux de monsieur Le Scouarnec et de ses avocats. Cette violence-là, elle est inacceptable . » L’avocate en est persuadée, plusieurs de ses clients seraient désormais découragés à l’idée de témoigner à la barre : « J’ai trois, quatre appels par semaine, au cours desquels les clients me disent qu’ils n’y arriveront pas, qu’ils ne se sentent pas à leur place, qu’ils ne se sentent pas légitimes. C’est la première fois que j’ai autant à discuter avec mes clients sur le point de leur légitimité. » Qu’elles se sentent légitimes ou non, un procès s’ouvre malgré tout, pour que toutes les victimes referment le chapitre Le Scouarnec. À lire aussi Affaire Le Scouarnec: un procès «hors-norme» pour la petite juridiction de Vannes…
 
Olivier, Jean-Baptiste et Jean Bertrand. Ces trois Ivoiriens, comme tant d’autres africains, ont quitté malgré eux l’Ukraine qu’ils avaient choisie pour poursuivre leurs études supérieures. Se retrouvant sur les routes de l'exil dès le déclenchement de la guerre, ils ont choisi la France. Trois ans après, un autre parcours du combattant a commencé. Depuis un an, ces anciens étudiants fraîchement diplômés, Olivier Gueu et Jean Bertrand Somlaré, ont posé leurs bagages à Nantes, dans l'ouest de la France . Chacun vit séparément. Direction le foyer des jeunes travailleurs, chez Jean-Baptiste Ahoua, le seul qui poursuit encore ses études tout en travaillant. Cheveux tressés, tous les trois sont à l'image des Mousquetaires, unis face à l'adversité. C'est en Ukraine et sur les routes de l'exil que cette fratrie s'est construite. Depuis, ils ne se sont plus quittés. « Depuis l'Ukraine, c'est devenu plus qu'une amitié. Nous sommes davantage des frères que des amis. On sait que l'un peut compter sur l'autre, quel que soit le problème. On a fait le parcours ensemble depuis l'Ukraine jusqu'en France », raconte Jean-Baptiste, la gorge nouée. Le jeune homme a encore du mal à effacer de sa mémoire ce départ précipité sous les bombes : « J'avais seulement mon sac à dos avec mes documents et une paire de chaussure. Pour moi, c'était un déplacement du quotidien. Je me suis retrouvé du jour au lendemain en France, ce n'était pas facile. » « Cela faisait onze ans que j'étais en Ukraine , explique son camarade Olivier Gueu, ingénieur. Quand tu arrives en France, tu sais vraiment pas quoi faire. Moi, j'étais en seconde année de doctorat en aéronautique. Laisser tout ça derrière et venir dans un pays, la France, où, même pour te régulariser, il n'y avait pas de visibilité. Tout cela, c'était un gros stress. Et j'étais devenu un peu ukrainien aussi ». « Je pense qu'on se sent tous ukrainiens, d'une manière ou d'une autre , abonde Jean Bertrand, qui a débarqué à Kiev tout juste après son bac. Sur son portable, il reste encore connecté avec son ami Oleg. J'ai vu dernièrement que les autorités prenaient des jeunes gens pour la mobilisation, pour pouvoir aller au front. J'ai envoyé un message à mon ami que j'ai toujours en Ukraine, lui demandant s'il allait bien. Il vient de me répondre, il m'a dit qu'il allait bien, que c'est assez tendu autour de lui, mais que tout va bien. » Olivier a été embauché chez l'un des fleurons de l’industrie aéronautique française. De l'aveu de ses camarades, c'est lui qui a le plus embrassé la culture ukrainienne, sachant parler couramment le russe. À 32 ans, ce jeune homme se considère comme le grand frère du groupe : « Ce sont mes petits, ce sont mes bébés, je ne sais pas ce qu'ils auraient pu faire sans moi », concède-t-il, ému. Car c'est un véritable parcours du combattant qui a débuté pour ses amis. Alors qu'il était sur le point de terminer ses études après cinq années passées en Ukraine, Jean-Baptiste a dû tout recommencer à zéro et changer de filière. Toujours de bonne humeur et rieur, Jean Bertrand n'est pas encore sorti d'affaire. Avec un titre de séjour d'un an pour recherche d'emploi et création d'entreprise, il lui reste peu de temps. Le téléphone vibre à l'autre bout du fil. C'est Ben, le médecin du groupe, aujourd'hui installé en Côte d'Ivoire, qui a passé son diplôme en pleine guerre en Ukraine. Tous plaisantent pour oublier. Cela fait longtemps qu'ils n'ont pas pu serrer leurs parents dans leurs bras. À lire aussi À Paris, la vie de galère des étudiants africains ayant fui l'Ukraine…
 
C'est sans doute la plus grande affaire de pédophilie en France. L'ancien chirurgien Joël Le Scouarnec est accusé de viols et d'agressions sexuelles sur 300 enfants entre 1989 et 2014 dans plusieurs hôpitaux de l’ouest de la France. Son procès s'ouvre le 24 février, à Vannes, devant la cour criminelle du Morbihan. La ville de Vannes, 50 000 habitants, et son tribunal se préparent depuis plusieurs années, avec des moyens humains et budgétaires limités. Trois cents victimes, 60 avocats, des dizaines de journalistes français et étrangers attendus : jamais le tribunal de Vannes n’a accueilli un procès aussi « hors-norme ». Cela fait trois ans que la juridiction planche sur son organisation. Pour anticiper au mieux le déroulé des quatre mois d’audiences, elle a sollicité l’expérience acquise par d’autres tribunaux en matière de grand procès, explique Ronan Le Clerc, secrétaire général du parquet de Rennes : « Nous avons demandé à ce que nos collègues parisiens qui ont eu en charge l'organisation du procès des attentats de novembre 2015 ou celui de Nice puissent nous faire un retour d'expérience de manière à ce qu'on puisse profiter de leurs acquis en termes de méthodologie. » Durant seize semaines, le procès de Joël Le Scouarnec va mobiliser sept magistrats sans que l’activité du tribunal ne cesse pour autant. Un casse-tête, mais là aussi, tout est affaire d’anticipation. « Il a fallu faire tout un travail en amont pour que les autres dossiers criminels puissent être examinés avant le procès de Joël Le Scouarnec et après , précise Ronan Le Clerc, en veillant bien d'ailleurs à ce que les délais qui nous sont imposés par la procédure pénale le soient pleinement. » Un procès à trois millions d’euros Ce procès labellisé « hors-norme » a aussi un coût pour la justice : trois millions d’euros. Une somme nécessaire à l’aménagement de trois annexes à la petite salle du tribunal qui compte une petite centaine de places. Une première salle accueillera le public – le procès n’ayant pas lieu en huis clos total – une autre pour la presse et un ex-amphithéâtre d'université pour accueillir les parties civiles et leurs avocats. Le maire de Vannes, David Robo, l'a mis à disposition gratuitement. « Chacun connaît l’état des finances publiques et celles du ministère de la Justice. Je me voyais mal demander un loyer. Je pense qu’en tant qu’élu de la république, on doit servir la justice. Et si je peux ramener de la fluidité, plutôt que de la complexité à ce procès, j’en serais content », commente l’édile. L’enjeu d’un procès aussi titanesque réside aussi dans l’accompagnement des victimes. C’est le rôle de l’association France Victimes 56 , dont sa directrice, Carine Duneuf-Jardin, en a déjà reçu plusieurs dans son bureau : « Ces personnes se retrouvent engagées dans une machine judiciaire où il faut appréhender les termes , souligne-t-elle. Elles arrivent avec leurs interrogations : Que veut dire se constituer partie civile ? Suis-je obligé de prendre un avocat ? Combien cela va me coûter ? Nous sommes là pour les informer afin qu’elles aient le maximum d’éléments en leur possession pour prendre leur décision. » Pour épauler les victimes durant l’audience, France Victimes 56 met à disposition une juriste et seulement… une psychologue. « Il eût été préférable d’en avoir deux , concède le président de l’association André Rolland, mais le recrutement d’une seconde praticienne a été stoppé il y a quelques semaines. Nous n’avons pu travailler qu’à moyens constants pour une raison très simple : la France n’avait pas de budget. Mais peut-être que ça va se débloquer, maintenant qu’on a un. » Deux psychologues, ce serait un minimum, estime André Rolland pour accompagner les 300 victimes présumées de Joël Le Scouarnec.…
 
Robert Ménard, le maire d’extrême droite de Béziers, dans le sud-est de la France, est convoqué par le procureur ce mardi 18 février pour avoir refusé il y a un peu moins de deux ans de marier une Française et un Algérien sous le coup d’une OQTF, une obligation de quitter le territoire. Ce refus est illégal. Robert Ménard encourt donc cinq ans de prison, une amende de 75 000 euros et une peine d’inéligibilité. C’est en regardant la télévision qu’Eva et son fiancé apprennent la nouvelle. Sur le plateau de la chaîne privée CNews, le maire de Béziers Robert Ménard annonce en direct qu’il ne les mariera pas. Nous sommes la veille de la cérémonie. À la question de savoir s'il va marier Eva et Mustapha, la réponse est sans appel : « Mais bien sûr que non ! Ce “type” est en situation irrégulière. Si on veut le mettre dehors, la Police de l’air et des frontières, je leur donne rendez-vous vendredi à la mairie. Ils le trouveront puisqu’il vient à 11 h se marier ! » Malgré l’illégalité de son geste, Robert Ménard persiste. « Quitte à vous mettre vous hors-la-loi ? », demande la présentatrice. « Mais bien sûr !, répond l’élu. Tant pis. Quand le droit est à ce point contre la logique, le bon sens, l’évidence... » Pour les fiancés, la nouvelle est bien entendu terrible. « On n’imagine jamais que le jour qui est censé être le plus beau jour de sa vie va se passer comme ça », se désole Eva. « On est stupéfaits, on ne dort pas de la nuit. » À lire aussi Droits des étrangers: en France, la Cimade dénonce des enfermements toujours plus abusifs « Il ne peut pas gâcher l’amour de deux personnes pour des opinions politiques » La fiancée décide alors d’aller voir le maire, pour discuter avec lui : « Je me dis qu’il peut déléguer un officier d’état civil, mais qu’il ne peut pas gâcher le jour J, l’amour de deux personnes, pour des opinions politiques. Malheureusement, quand on se présente à l’heure du mariage, c’est là que le drame a commencé, entre guillemets. » Sur le parvis de la mairie, une nuée de caméras attend les deux amoureux, l’élu a prévenu la presse. Le couple parvient malgré tout à atteindre l’entrée du bâtiment. « Et là, la sonnette d’alarme retentit, raconte Eva, choquée . Les portes de la mairie nous sont fermées au nez à la demande de Monsieur Ménard pour exprimer son refus. Enfin, on ne traite pas les gens comme ça ! » Deux semaines plus tard, Mustapha est renvoyé en Algérie . Le mariage n’aurait jamais pu empêcher son expulsion, mais, pour Eva, les deux évènements sont forcément liés, au vu de la médiatisation de l’affaire et de la mobilisation du maire : « Dans la semaine qui a précédé le mariage, j’ai saisi tout le monde, la Police de l’air et des frontières, le sous-préfet, le préfet, le ministre, le procureur en leur disant : “ Mais qu’est-ce que vous attendez pour appliquer l’OQTF que vous avez délivrée ? ” », indique le maire d'extrême droite. Robert Ménard devant la justice L’avocate du couple a saisi la justice pour dénoncer une expulsion illégale. Elle soutient que son client n’a vu ni avocat ni juge avant d’être placé dans un avion. Le tribunal administratif se prononcera sur ce volet vendredi 21 février. En attendant, ce mardi 18 février, c’est Robert Ménard qui se retrouve face à un procureur pour avoir refusé de marier Eva. « J’attends quelque chose qui soit à la hauteur de ce qu’on a subi, de ce qu’on a ressenti. On n’atteint pas la vie des gens comme ça, s’indigne Eva . On ne remet pas en cause leur amour, on ne les dénigre pas comme ça, à la télé et partout. Ce n’est pas rien ce qu’il a fait ! » Depuis 20 mois, Eva multiplie les allers-retours en Algérie pour voir Mustapha, qui n’a pas souhaité s’exprimer. Sa compagne le dit tout aussi désemparé. À lire aussi Affiches municipales xénophobes de Robert Ménard: le parquet saisi…
 
Après le cannabis, le protoxyde d’azote est la deuxième substance la plus consommée chez les 13-25 ans. Alors que ce gaz est déjà interdit à la vente aux mineurs dans certains lieux, le député LFI Idir Boumertit veut aller plus loin. Avec sa proposition de loi, il veut à la fois renforcer la prévention et limiter l’accès aux professionnels. Un reportage de Marie Casadebaig et de Lisa Barel-Frémeaux , Sofiane a 22 ans, il était plombier et, à cause de sa consommation de gaz hilarant , il a dû arrêter son métier. « [J’étais] p aralysé des jambes, paralysé des mains. Quand je fermais les yeux, je tombais. [J’ai eu] une infection aux poumons. J’en ai perdu un, témoigne le jeune homme. La première fois que j’en ai pris, c’était pendant le confinement, en 2020, je crois. Je devais avoir 19 ans et après, j’ai continué. C’était quotidien en fait. On pouvait ressentir une sensation de joie, on oubliait les problèmes... Et si on arrête le ballon, au bout de dix secondes, l’effet se dissipe. On avait envie d’en refaire. » Il y a un an environ, Sofiane est hospitalisé. Il n’arrive plus à respirer. Et pour cause, un de ses poumons ne fonctionne plus. Il perd aussi l’usage de ses jambes. Encore aujourd’hui, il suit un programme de rééducation. « Je suis resté en fauteuil roulant six mois. C’est comme si mes muscles étaient retournés à zéro, explique-t-il. J’ai récupéré mes jambes avec le temps et, à l’heure d’aujourd’hui, je travaille toujours sur la force musculaire. » Le protoxyde d’azote est le plus souvent utilisé par des professionnels, dans le milieu médical comme anesthésiant ou encore dans l’agroalimentaire. Les jeunes le consomment pour ses effets euphorisants. Ils percent les cartouches, remplissent un ballon avec et l’inhalent. « Dès la première consommation, on devient addict » Françoise Cochet connaît bien les effets de ce gaz sur la santé. Elle est présidente de l’association Apeas qui lutte contre les jeux dangereux . « Le problème, c’est que ces gaz traversent la paroi des alvéoles pulmonaires, passent dans le sang et arrivent instantanément au niveau cérébral. Le danger majeur de toutes ces pratiques d’inspiration de n’importe quel autre gaz que l’air, c’est le risque d’arrêt cardiaque. » Et le consommateur peut rapidement devenir dépendant, c’est ce qui est arrivé à Sofiane : « Dès la première consommation, on devient addict. Dès qu’on commence à ressentir les effets, c’est fini. Après, on a envie d’en refaire, confie le jeune homme. Par mois, des fois, je pouvais utiliser 600 euros, ça dépendait de mon budget. Mais si j’avais l’argent pour consommer, j’achetais, je n’avais pas de limites. » Aujourd’hui, Sofiane a arrêté d’en consommer et témoigne. Pour lui, limiter l’accès du protoxyde d’azote aux professionnels est une bonne chose, mais pour Françoise Cochet, ce n’est pas la solution : « Pour nous, la seule façon de contrer ces accidents, c’est la prévention. Donc, la prévention d’une part des adultes pour les informer — pour les parents, mais aussi les professionnels —, et puis, bien évidemment, la prévention auprès des élèves. » Il y a une dizaine de jours, les députés ont adopté cette proposition de loi. Prochainement, c’est au Sénat de se prononcer sur le texte. À lire aussi Drogue : le gouvernement britannique compte interdire le gaz hilarant…
 
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