Entre casque et micro : l'histoire de la radio en France

La suite de l'Histoire, l'intégrale

On attribue l'arrivée des premières ondes hertziennes au physicien et inventeur italien Guglielmo Marconi. Cette invention va avoir des répercussions considérables dont la plus marquante dans notre quotidien est la radio qui accompagne les auditeurs dans les périodes les plus ordinaires, les plus sombres et les plus heureuses de leur existence. Marine Becarelli, historienne, chercheuse en histoire de la radio et enseignante à l'université Sorbonne 1, évoque cette histoire de la radio au micro de Véronique Alzieu. "C'est un média formidable pour accompagner la vie des auditeurs. J'ai étudié beaucoup d'archives sonores, des courriers d'auditeurs pour voir le lien qui peut exister entre celui qui fait la radio et celui qui reçoit les programmes. La radio peut être vraiment créateur de lien social". une communication en morse La radio, qu'on appelle à l'époque la télégraphie sans fil (TSF), prend sa source à partir du milieu et de la fin du XIXème siècle. Dans les années 1860, la théorie unifiée du champ sonore de Maxwell permet de découvrir le caractère ondulatoire des ondes électromagnétiques. Le physicien allemand Hertz développe alors une théorie pour mettre au point un producteur d'ondes électro-magnétiques. Différents chercheurs dans différents pays,dans les années 1890, permettent d'améliorer la cohérence de transmission des ondes sonores. Marconi est le premier qui va permettre d'émettre des ondes radios sur plusieurs centaines de mètres entre deux bâtiments. Il réussit ensuite à faire connaître et financer ses travaux. Le monde occidental s'interesse alors à ce nouveau mode de communication qui permet d'envoyer des messages à une distance de plus en plus lointaine. La TSF va d'abord être utilisée dans la marine, puis l'armée, en ne diffusant au début que du langage morse. En 1906, un américain réussit pour la première fois à émettre le son de la voix. Pendant la première guerre mondiale, la radio va ensuite faire de grands progrès techniques. En 1921, la première radio française voit le jour, baptisée Radio Tour Eiffel, diffusant quotidiennement des programmes à heure fixe. L'apparition des postes de radio Dans les années 1930, le poste de radio s'installe progressivement dans les foyers. En 1939, il y a ainsi 5 millions de postes de radio en France. " C'est une révolution puisque pour la première fois des voix et des musiques extérieures pénètrent dans l'intimité des foyers et apportent des contenus culturels et des informations qui étaient inaccessibles à une partie de la population", raconte Marine Becarelli. Jusqu'au milieu des années 50, c'est une écoute assez collective, en famille, par exemple pour écouter des feuilletons radiophoniques. Trois missions : éduquer, informer, distraire L'objectif premier est de donner des informations, beaucoup plus rapidement que la presse écrite. Au-delà, la volonté d'éduquer animait les dirigeants des radios publiques qui s'y emploient dès les origines. La radio fait aussi découvrir le théâtre, crée du théâtre radiophonique (invention des bruitages) et joue un grand rôle dans la diffusion de la musique, favorisant le développement de l'industrie du disque. Elle contribue à créer des tubes. Grâce au direct, elle développe aussi l'intérêt pour les compétitions sportives, avec des commentateurs. De grandes voix de la radio accompagnent les auditeurs tout au long de leur vie, dans des émissions phares, dont certaines sont interactives. la radio à la carte avec le podcast Dans les années 80, les radios commerciales ( parfois dans la surenchère de la provocation, avec la libre-antenne dans les années 90) prennent ensuite le pas sur la créativité et le bouillonnement de toutes les radios expérimentales qui avaient pu naître avec les radios pirates. Les radios diocésaines font aussi leur apparition. "La radio a beaucoup changé ces dernières années, depuis le début des années 2000, avec l'apparition du podcast qui s'est beaucoup développé depuis. On peut ainsi écouter une radio à la carte. On se fait son propre programme. Même si la radio continue régulièrement de perdre des auditeurs, on voit qu'il y a quand même un attrait pour le son qui ne disparaît pas totalement et au contraire, peut-être parce qu'on est saturé d'images". Marine Bécarelli en est convaincue : "Le son a de l'avenir indépendamment des images et ce qu'on observe avec le succès des podcasts semble le démontrer".